Table des matières

Introduction

Issu d'un désir de rendre publiques les chansons préférées des anciens de notre coin du pays, ce recueil est destiné à toutes les personnes qui aiment chanter et qui désirent conserver cet héritage culturel dont la valeur nous paraît inestimable.

Ces chansons, écrites à la main, nous ont été fournies par des personnes de notre communauté qui les avaient conservées depuis au moins cinquante ans.

Il était impossible de communiquer avec les auteurs puisqu'aucune des chansons n'était signée. En conséquence, leur statut est inconnu sauf deux composées par M. George Poirier: Le plaisir l'emporte et Y'a rien là. À part ces dernières, leur publication n'a pas requis d'autorisation puisqu'elles font partie du domaine public ou sont des compositions inédites.

Nous voulons remercier Mmes Dora Bourdeau, Oliva Brière, Lucienne Cayer, Jeanne Chartrand, Yvonne Gagnon, Yvonne Paquette-St-Jean, Blanche Servais et Régina Trudeau ainsi que MM. George Poirier et le regretté Frédérique La Madeleine. Toutes ces personnes ont bien voulu partager leurs trésors avec nous.

Nous désirons également remercier chaleureusement une artiste bien connue, Mme Édith Butler, qui a accepté de vérifier les droits d'auteurs de ces chansons.

Enfin, nous remercions La fondation du patrimoine ontarien pour son soutien financier et le Centre franco-ontarien de ressources en alphabétisation pour ses nombreux conseils.

Suzanne Benoit, coordonnatrice
Centre d'alphabétisation Moi, j'apprends

Poésie et musique

Il fut très agréable de visiter les vieillards dans leurs familles ou dans les résidences de personnes âgées pour entendre les chants que nous vous présentons. Il s'agissait de les enregistrer sur audio-cassettes et d'entendre leurs témoignages au sujet de ces airs chantés dans les soirées d'antan. Les âges de ces aînés variaient entre 80 et 92 ans, ce qui indique que ces chants sont séculaires.

Ces grands-pères et ces grands-mères étaient heureux de transmettre ce riche patrimoine à leurs enfants et à leurs petits-enfants. Tous ont demandé avec insistance de recevoir une copie de l'album qui en résultera.

Revenus à domicile, nous nous sommes mis à l'œuvre, au moyen de l'ordinateur, pour écrire la musique et le texte de cette mine folklorique tout en respectant scrupuleusement l'authenticité de la mélodie et des paroles. Quelques rares passages nous ont obligés à changer certains mots, voire certaines phrases et certaines notes pour respecter les lois de la poésie et du solfège.

Nous avons intitulé notre ouvrage La voix des aînés car ce sont eux, nos ancêtres vénérés, que nous voulons commémorer par ces airs où ils aimaient faire passer leur joie de vivre, leur ténacité héroïque et leur vif intérêt pour les divertissements enrichissants.

Puisse leur courage exemplaire se perpétuer en nous et en nos enfants par ce moyen très mélodieux.

Oscar et Jeannette Forgues

À Embrun il y a une brune

-1-

À Embrun il y a une brune plus belle que le jour.
Ce sont trois brillants d'la ville qui veulent lui faire l'amour,
Qui veulent lui faire l'amour, malurette,
Qui veulent lui faire l'amour.

-2-

Ce sont trois brillants d'la ville qui veulent lui faire l'amour.
Le plus jeune dit aux autres: Moi je sais le tour,
Moi, je sais le tour, malurette,
Moi, je sais le tour.

-3-

Le plus jeune dit aux autres: Moi je sais le tour.
Je me ferai faire une selle tout en clous d'argent,
Tout en clous d'argent, malurette,
Tout en clous d'argent.

-4-

Je me ferai faire une selle tout en clous d'argent
Et j'irai de porte en porte sur mon cheval blanc,
Sur mon cheval blanc, malurette,
Sur mon cheval blanc.

-5-

Et j'irai de porte en porte sur mon cheval blanc,
Jusqu'à la porte de ma belle, toujours en sonnant,
Toujours en sonnant, malurette,
Toujours en sonnant.

-6-

Jusqu'à la porte de ma belle, toujours en sonnant.
M'enseigneriez-vous, la belle, le chemin d'amant?
Le chemin d'amant, malurette,
Le chemin d'amant?

-7-

M'enseigneriez-vous, la belle, le chemin d'amant?
Allez jusqu'à la barrière et revenez-vous-en,
Revenez-vous-en, malurette,
Revenez-vous-en.

[Voir l'image pleine grandeur] À Embrun il y a une brune - Musique.

Arithmétique en amour

-1 -

C'était un gars rempli d'affection, (bis)
Qui était ben fort dans les additions, (bis)
Près d'sa grosse Françoise, comme huit plus huit font seize,
Ils s'embrassaient comme deux amoureux
Disant tout bas: Deux fois onze vingt-deux.

-2-

En la prom'nant dans son beau char neuf, (bis)
Il lui dit près du boulevard Pie IX: (bis)
Six et six font douze, viens jouer sur la pelouse,
Il lui donne un p'tit bec en pincette,
Disant tout bas: Trois fois neuf vingt-sept.

-3-

Puis v'là l'automne, la froide saison, (bis)
Nos amoureux restent à la maison, (bis)
Deux et deux font quatre, j'vous dis que l'cœur va battre,
L'bonhomme les guette avec des grands yeux,
Disant tout bas: Deux fois onze vingt-deux.

-4-

L'bonhomme arrive en levant le bras, (bis)
Il dit: Lâche-la ou ben marie-la, (bis)
Dix et deux font douze, la prends-tu pour épouse?
L'garçon répond: Si elle a du foin,
Vingt-cinq et six ça fait trente et un.

-5-

Le vieux reprend: Si tu veux des sous, (bis)
Mon garçon, t'es mieux d'rester chez-vous, (bis)
Huit et sept font quinze, la sacoche est ben mince,
Si tu penses qu'on fait du black market,
Neuf et huit ça fait toujours dix-sept.

-6-

Depuis ce jour après des années, (bis)
On apprit que l'couple s'était marié, (bis)
Et su'l'temps des fraises, des enfants y'en eut seize,
Avant d'mourir le bonhomme répète:
Viens pas m'bourrer, ça fait pas dix-sept.

[Voir l'image pleine grandeur] Arithmétique en amour - Musique.

Chanson de mariés

-1-

Joyeux époux, puisque c'est la journée,
Pour couronner vos succès et vos vœux,
Par l'alliance si douce que vous signez,
Vous voilà donc bien unis tous les deux:
Vous arracher à une mère chérie
Pour vous jeter dans les bras d'un époux,
Voilà le jour le plus beau de la vie,
Quittez en paix les plaisirs les plus doux.

Refrain

Vivez toujours en paix,
Pas de trouble dans votre ménage,
Et que le mariage
Vous unisse à jamais!

-2-

Vous, mariés, suivez cette méthode,
N'oubliez pas l'être que vous prenez,
Car comme toujours vous savez que la mode,
C'est de s'aimer quand on est marié,
Que l'amitié de vos cœurs se ressemble
Et que l'union soit toujours parmi vous,
Vous passerez des jours heureux ensemble,
Voilà les vœux que nous formons pour vous.

Refrain

Vivez toujours en paix,
Pas de trouble dans votre ménage,
Et que le mariage
Vous unisse à jamais!

[Voir l'image pleine grandeur] Chanson de mariés - Musique (1 de 2).

[Voir l'image pleine grandeur] Chanson de mariés - Musique (2 de 2).

Grand-maman

-1-

Là-bas, au pied de la colline,
Tourne un petit sentier couvert
Où fleurit la blanche aubépine
D'où pousse le coudrier vert.
C'est là qu'un soir, loin du village,
En causant, Pierre m'entraîna.
Grand-maman, ah! oui, Grand-maman,
Vous avez dû passer par là.

-2-

C'est un chemin où l'herbe pousse,
Où les pas ne font aucun bruit,
Où l'on se dit d'une voix douce
Des mots qui troublent notre esprit.
Là-haut, les étoiles scintillent;
Pour rêver, qu'on est bien là!
Grand-maman, étant jeune fille,
Vous avez dû passer par là.

-3-

L'oiseau dormait dans la verdure;
Les parfums embaumaient les fleurs;
Tout se taisait dans la nature;
Seul l'amour parlait dans nos cœurs.
Quand on n'a qu'une seule idée,
Pour la dire, qu'on est bien là!
Grand-maman, étant fiancée,
Vous avez dû passer par là.

-4-

Nous nous fâchions de temps à autre
Dans les rameaux qui se taisaient;
Nous marchions si près l'un de l'autre
Que nos souffles se confondaient.
Bientôt, puisqu'il faut vous le dire,
Dans trois mois, on se mariera.
Grand-maman, je vous vois sourire;
Vous avez dû passer par là.

[Voir l'image pleine grandeur] Grand-maman - Musiqe (1 de 2).

[Voir l'image pleine grandeur] Grand-maman - Musique (2 de 2).

Je m'en vais à la chasse

-1-

Je m'en vais à la chasse, à la chasse aux perdrix,
À la chasse aux belles filles quand on peut en trouver.

Refrain

Je bois du vin, mesdames, je bois du vin nouveau.
Si y'a pas d'vin, mesdames, donnez-moi un verre d'eau.

-2-

À la chasse aux belles filles quand on peut en trouver.
J'en ai aperçu une dans un grand champ de blé.

[Refrain]

-3-

J'en ai aperçu une dans un grand champ de blé.
Je m'suis approché d'elle, c'était pour lui d'mander:

[Refrain]

-4-

Je m'suis approché d'elle, c'était pour lui d'mander:
"Votre p'tit cœur, la belle, est'-il à marier?"

[Refrain]

-5-

"Votre p'tit cœur, la belle, est-il à marier?"
La fille encore jeunette se mit à pleurer.

[Refrain]

-6-

La fille encore jeunette se mit à pleurer.
Puis, regardant sa mère, elle se mit à penser.

[Refrain]

-7-

Puis, regardant sa mère, elle se mit à penser.
Puis, regardant les côtes, courut pour y monter.

[Refrain]

-8-

Puis, regardant les côtes, courut pour y monter.
Mais, rendue sur ces côtes, elle se mit à chanter.

[Refrain]

-9-

Mais, rendue sur ces côtes, elle se mit à chanter.
"Chantez pas tant, la belle, je vous y rejoindrai."

[Refrain]

[Voir l'image pleine grandeur] Je m'en vais à la chasse - Musique.

La dernière bûche

-1-

"Qui frappe à la chaumière du pauvre Jean Le Gueux?
-Pitié, c'est Jean Misère, plus que toi malheureux.
-Viens, si vide est ma huche, j'ai dans l'âtre un bon feu.
Il ne me reste qu'une bûche, une dernière bûche;
Viens t'y chauffer un peu.

-2-

Mais où donc, à cette heure, t'en vas-tu, pauvre gars?
-Vers une aube meilleure où tu suivras mes pas.
Vois, chez toi je trébuche sans sabots, sans souliers.
-Il ne me reste qu'une bûche, une dernière bûche;
Viens t'y chauffer les pieds.

-3-

De tes mains le sang coule, qui les meurtrit ainsi?
-Pour s'amuser, la foule, pour se venger aussi.
Je démasquais l'embûche où sombrent les humains.
-Il ne me reste qu'une bûche, une dernière bûche;
Viens t'y chauffer les mains.

-4-

Mais à part moi, personne n'est-il donc ton ami?
-Le monde m'abandonne, m'outrage et me trahit.
La bourdonnante ruche est sourde à ma douleur.
-Moi, je n'ai qu'une bûche, une dernière bûche;
Viens t'y chauffer le cœur."

-5-

Soudain la flamme éclaire; Jean Le Gueux pousse un cri.
Il a, dans Jean Misère, reconnu Jésus-Christ.
"Vite mets ta capuche, dit Jésus, c'est Noël.
Pour te payer ta bûche, ma plus joyeuse bûche,
Viens te chauffer au ciel."

-6-

Heureux de cette terre, songez aux loqueteux.
Au nom de Jean Misère, secourez Jean Le Gueux.
Le vieux monde trébuche qui ne chauffe plus
À la dernière bûche, la charitable bûche
Où s'est chauffé Jésus.

[Voir l'image pleine grandeur] La dernière bûche - Musique.

La dernière feuille

-1-

Je connais depuis l'automne
Un bébé des plus charmants
Dont la sœur, pauvre mignonne,
Est poitrinaire à quinze ans.
Quand je vis la blonde tête
De ce gracieux lutin
Qui parcourait en cachette
Les allées du grand jardin,

-2-

Ses petites mains potelées
Tenaient un fil qu'il roulait
Autour des branches fanées
Que parfois il atteignait.
"Que fais-tu là, petit homme?"
L'enfant surpris me toisait,
Puis, souriant, voici comme
À voix basse il me disait:

-3-

"Tu me plais. Je vais te dire
Quel est mon secret à moi
Si tu me promets, sans rire,
De bien le garder pour toi.
Tout d'abord, je vais te dire
Que je m'appelle 'Bébé'
Et que j'ai, ça va te ravir,
Mes cinq ans depuis l'été.

-4-

Pour jouer à la cachette
Je suis tout seul à présent,
Car bien malade est sœurette
Et le docteur vient souvent.
Ce docteur est bien sévère,
Mais ne paraît pas méchant
Et pourtant, petite mère
Toujours pleure en l'écoutant.

-5-

Hier j'ai voulu connaître
Ce qui la faisait pleurer,
J'étais curieux peut-être,
Dis, tu vas bien me gronder,
Sous un meuble avec misère
Je me suis très bien caché,
Docteur causait avec ma mère,
De là j'ai tout écouté.

-6-

II disait: 'Voyez par terre
Combien de feuilles sont là,
Quand tombera la dernière
La chère enfant s'en ira.'
Voilà pourquoi je rattache
Les feuilles qui vont tomber,
Mais c'est une grande tâche,
Dis, veux-tu, veux-tu m'aider?"

[Voir l'image pleine grandeur] La dernière feuille - Musique.

L'adieu du soldat

-1-

Viens t'asseoir près de moi, mon amie chérie,
Avant que je m'éloigne de toi,
Et promets-moi que tu seras unie
À nul autre garçon que moi.

-2-

Aujourd'hui, mes parents et mes chers amis,
Je viens faire à tous un triste adieu.
Je dois quitter bientôt mon beau pays
Pour traverser les grands flots bleus.

-3-

Les canons de l'ennemi là-bas grondent,
Et là, leurs fusils sèment la mort.
Pour sauver ceux que j'aime en ce monde,
Je dois bien accepter mon sort.

-4-

Oh! ma mère, toi qui m'as donné la vie,
Je penserai très souvent à toi.
Toi, mon père, que j'ai si bien servi,
Je voudrais rester sous ton toit.

-5-

Mes beaux jours parmi vous, mes très chers amis,
Demain, peut-être, seront finis,
Mais si Dieu veut bien me garder la vie,
Je reverrai mon beau pays.

-6-

Mes adieux vont encore à ma chère amie,
Car je pars pour un lointain séjour.
Oh! mon Dieu, guide-moi, je t'en supplie,
Pour que je la revoie un jour.

[Voir l'image pleine grandeur] L'adieu du soldat - Musique.

L'assassin

-1-

Une jeune fille au regard séduisant
Rencontre un soir un Apache en passant,
Et dans son âme brille une flamme.
On lui disait que c'était un voyou,
Un homme capable de faire un mauvais coup,
Mais elle de dire dans un sourire:

Refrain

"Je suis amoureuse et l'amour c'est le bonheur.
Je suis bienheureuse de lui donner mon cœur.
On me dira même: 'Ta mère t'attend là-bas';
Je n'y vais pas; c'est lui que j'aime."

-2-

Elle est devenue une fille de trottoir
Quand soudain elle rencontre son père un soir,
Et il l'approche dans un reproche:
"Tu me fais mourir de honte et de chagrin.
À la maison, viens t'en; on dira rien."
Mais elle de dire dans un sourire:

Refrain

"Je suis amoureuse et l'amour c'est le bonheur.
Je suis bienheureuse de lui donner mon cœur.
On me dira même que ce n'est qu'un assassin.
Ça ne fait rien; c'est lui que j'aime."

-3-

Un soir qu'il avait bu plus qu'son goulot,
À la jeune fille donne un coup de couteau,
Et pour la vie c'est l'agonie.
Vite la police arrête le meurtrier.
La jeune fille se met à crier:
"M'sieur l'commissaire, laissez-le faire!

Refrain

Je suis amoureuse et l'amour c'est le bonheur.
Je suis bienheureuse qu'il m'ait percé le cœur,
J'en meurs quand même, car cette douleur m'endort.
Jusqu'à la mort, c'est lui que j'aime."

[Voir l'image pleine grandeur] L'assassin - Musique (1 de 2).

[Voir l'image pleine grandeur] L'assassin - Musique (2 de 2).

Le long du Saint-Laurent

-1-

C'était deux enfants de Montréal qui s'aimaient jusqu'à la folie,
Ils avaient fait leur idéal de s'adorer toute la vie,
Ils se retrouvaient tous les soirs au pied d'une verte colline,
Et le cœur débordant d'espoir, ils regagnaient la berge voisine.

Refrain

Le long du Saint-Laurent, le soir à la brune,
Ils s'en allaient gaiement les amants s'aimer au clair de lune,
Sous le charme enivrant, ils s'attardaient dans la nuit brune,
Par les beaux soirs d'été, le long du Saint-Laurent.

-2-

Ils avaient pensé que toujours, ils vivraient dans leur douce ivresse,
Et que leur paisible amour, refleurirait toujours sans cesse,
Mais soudain la guerre éclata, adieu le rêve et la folie,
Le cœur brisé il la quitta pour s'en aller servir la patrie.

Refrain

Le long du Saint-Laurent, le soir à la brune,
Elle s'en va pleurer tristement là-bas au clair de lune,
Le cœur plein de l'absent, elle contemple l'onde brune
Par les beaux soirs d'été le long du Saint-Laurent.

-3-

Aux accents d'un chant triomphal, le chant divin de la victoire
Sont revenus à Montréal nos beaux soldats couverts de gloire.
Comme autrefois les amoureux, au pied de la verte colline
Poursuivent leur doux rêve à deux, tout en gagnant la berge voisine.

Refrain

Le long du Saint-Laurent, le soir à la brune,
L'onde se couvre de vif argent sous les rayons de lune,
Enlassés tendrement, ils reviennent dans la nuit brune
Par les beaux soirs d'été, le long du Saint-Laurent.

[Voir l'image pleine grandeur] Le long du Saint-Laurent - Musique (1 de 2).

[Voir l'image pleine grandeur] Le long du Saint-Laurent - Musique (2 de 2).

L'Empress

-1-

Le Saint-Laurent à l'onde enchanteresse
Suivait son cours lent et majestueux,
L'Empress allait à petite vitesse
Car un brouillard enveloppait les cieux,
Sur ce vaisseau qui portait tout un monde
Chacun dormait ignorant le danger,
Un cri soudain sort de la nuit profonde:
Debout! Debout! car l'Empress va couler! (bis)

-2-

Un charbonnier a frappé le navire
Semant la mort par un grand trou béant,
Les passagers pleuraient dans leur délire
Cherchant partout leurs amis, leurs parents,
Ils s'élancèrent dans le fleuve perfide,
Désespérés, les corps à moitié nus,
En un instant, dans l'élément liquide,
Horreur! Horreur! l'Empress a disparu! (bis)

-3-

II entraîna dans les flots du grand fleuve
Ses occupants gémissant vers les cieux,
Et aujourd'hui les orphelins, les veuves
Sentent leurs cœurs se déchirer en eux,
La mort a fait le vide dans ces familles,
Leur souvenir doit rester dans nos cœurs,
Ces naufragés pour qui plus rien ne brille,
Prions! Prions! pour eux le Rédempteur! (bis)

[Voir l'image pleine grandeur] L'Empress - Musique (1 de 2).

[Voir l'image pleine grandeur] L'Empress - Musique (2 de 2).

Le petit conscrit

-1-

À la famille entière, le fils fait ses adieux,
Mais pourquoi tant de misère, d'angoisse dans les yeux?
Sa vieille maman, longtemps, longtemps,
Le regarde les yeux pleins de larmes.
Où va-t-il donc, ce cher enfant,
Que son départ cause tant de larmes?

Refrain

C'est un petit conscrit que l'on prend au pays,
Puisqu'il faut sur une terre lointaine
Encore du sang pour une guerre inhumaine.
C'est un bien triste sort d'aller risquer la mort
Si loin des siens, si loin de son pays.
Plaignons le petit conscrit!

-2-

Pensif et solitaire, habillé de kaki,
Couché sur de la terre, la main sur son fusil,
Le jeune soldat redit tout bas
Un nom de femme avec tendresse,
Mais dans ses yeux quel doute affreux
Et tout à coup quelle détresse!

Refrain

C'est un petit conscrit sans nouvelle du pays.
Il la revoit, sa douce Canadienne,
Qu'il a quittée il y a trois mois à peine.
Quand on est loin, si loin, le doute nous étreint.
N'oubliez pas, fillette, écrivez-lui.
Pensez au petit conscrit!

-3-

Dans la tranchée profonde, on prépare l'assaut.
Ça fait pâlir tout le monde: les Anglais, les colons.
Le jeune soldat du Canada reste ferme devant l'orage.
Il n'a que vingt ans à peine pourtant,
D'où lui vient donc tant de courage?

Refrain

C'est un petit conscrit qui bravement s'est dit:
S'il faut mourir, je veux une mort héroïque
Afin de montrer à tous ces Britanniques
Que les Canadiens-Français, s'ils sont mauvais sujets,
Ne tremblent pas devant leurs ennemis.
Ils sont de fiers conscrits!

-4-

Ce fut bien téméraire; une balle le frappa.
Sur la terre étrangère la mort, oui, le faucha.
Adieu amis, adieu pays, adieu fleuve, neige sereine,
Il dit: "Maman!" et tendrement
Murmure le nom de sa Canadienne.

Refrain

Et le petit conscrit meurt loin de son pays.
Sans rien savoir pourquoi là-bas il tombe,
Aucun ami ne pleurera sa tombe.
Pour remplacer les fleurs, gardez dans votre cœur
Le souvenir de tous les petits conscrits
Qui meurent loin du pays!

[Voir l'image pleine grandeur] Le petit conscrit - Musique (1 de 2).

[Voir l'image pleine grandeur] Le petit conscrit - Musique (2 de 2).

Le plaisir l'emporte

-1-

Excusez, j'vais vous chanter la chanson qu' j'ai composée.
Si vous voulez m'écouter, j'vais tout d'suite vous la chanter.
J'l'ai composée d'peine et d'misère, mais après tout j'en suis bien fier;
C'est par le jus de mon cruchon que j'ai composé cette chanson.

-2-

À quinze ans j'étais docile, on m'laissait prendre un p'tit coup.
On disait qu'c'était facile de prendre un coup sans s'mettre saoul.
J'en prenais trois, quatre, cinq verres, j'commençais à chambranler;
J'suis tombé sur le trottoir, je n' sais qui m'a ramassé.

-3-

À dix-huit ans faut qu' j'vous dise, je buvais comme un tonneau,
C'était pas par gourmandise, c'tait pour avoir le ventre plus gros,
J'en prenais jusqu'à vingt verres, tout le monde me trouvait bon,
Mais quand je r'venais le soir, pas un sou dans l'pantalon.

-4-

À vingt ans, j'étais un homme: je buvais encore bien plus,
Le soir j'allais voir Mignonne; elle disait: "Ne bois donc plus",
Elle versait d'amères larmes tout en me prenant par le cou,
Me disant: "J'serai ta femme si tu veux n'plus boire du tout".

-5-

À trente ans, j'tais en ménage, j'avais des petits enfants;
J'suivais mon ancien usage de prendre un coup assez souvent.
Ma cave est remplie d'bouteilles, de barils et de flacons.
Ah! vraiment c'est une merveille d'avoir une telle provision.

-6-

À quarante ans, ma femme dit: Il ne faut plus boire du tout,
Le plus jeune de tes fils, il boit déjà comme un trou,
J'lui dis: Ma femme, laisse-le donc faire, ce n'est pas l'métier le plus beau,
Il faut boire quand on est jeune, cela n'est pas un défaut.

-7-

À cinquante ans, la mort s'en vient m'avertir de tout quitter,
De prier, de m'convertir si je veux être sauvé.
Mais il m'en reste une belle grosse tonne que je n'ai pas encore goûtée;
Laissez-moi boire, je vous l'ordonne, ensuite vous viendrez m'chercher.

[Voir l'image pleine grandeur] Le plaisir l'emporte - Musique (1 de 2).

[Voir l'image pleine grandeur] Le plaisir l'emporte - Musique (2 de 2).

Le prisonnier

-1-

Oh! venez ce soir au clair de lune
Entendre le récit touchant
De tous les malheurs de l'infortune
Qui m'oppressent depuis si longtemps.

-2-

S'il était quelque part en ce monde
Quelqu'un qui m'aimerait un peu,
Ma misère serait moins profonde,
Car tout seul on est si malheureux.

-3-

Oui, j'avais autrefois une amie
Plus belle cent fois que le jour.
Un ami jaloux me l'a ravie;
Je l'ai tué pour venger mon amour.

-4-

Si j'avais comme un oiseau des ailes,
De ma prison je pourrais m'enfuir
Et j'irais dans les bras de ma belle.
Libre enfin, je m'en irais mourir.

[Voir l'image pleine grandeur] Le prisonnier - Musique.

Les boutons de culotte

-1-

On lisait dans La Presse
Un terrible accident: (bis)
Un homme ayant trop d'graisse
A fendu dernièrement;
Des boutons d'culotte,
Y'en avait partout, partout,
Des boutons d'culotte
De deux et d'quatre trous.

-2-

On appelle l'ambulance
Pour transporter l'blessé (bis)
Dans sa grande souffrance
On l'entendait crier:
"Mes boutons d'culotte,
Où est-ce qui sont, qui sont?"
Un homme chuchote:
"Essuies-y l'menton".

-3-

On vit parmi la foule
Un habitant benêt (bis)
Qui couraillait ses poules
Car chacune avalait
Des boutons d'culotte
En s'écriant: "C'est donc bon!"
La plus grosse cocotte
Mange le pantalon.

-4-

Voici l'heure suprême
Le bonhomme est mourant, (bis)
Il dit à sa p'tite vieille:
"Voilà mon testament:
Des boutons d'culotte
Pour payer mon enterrement,
Et si l'diable m'emporte,
Y f'ra pas d'argent".

[Voir l'image pleine grandeur] Les boutons de culotte - Musique.

Les filles d'aujourd'hui

-1-

Quand une fille arrive à l'âge de dix-huit ans
Elle ne veut plus qu'on la prenne pour un enfant,
Elle se fiche du regard de ses parents,
Attention! c'est une demoiselle!
Pour sortir le soir elle a toujours raison
Pas moyen de la garder à la maison,
Il faut qu'elle coure après tous les garçons,
C'est une maladie pour elle.

Refrain

Ah! les filles d'aujourd'hui, les filles d'aujourd'hui
Ne font qu'appeler
Pour se faire friser,
Ah! les filles d'aujourd'hui, les filles d'aujourd'hui
Au froid, au chaud,
N'ont presque rien su'l'dos.

-2-

Jadis c'était entendu que ces enfants
Ne sortaient jamais le soir sans leurs parents,
Quand la mère parlait, fallait dire: "Oui, Maman!",
Dans ce temps ce n'était pas drôle.
On pouvait les approcher bien gentiment
Pour leur faire peut-être un petit compliment,
Mais pas même de baiser au jour de l'an,
Il ne fallait pas qu'on les frôle.

Refrain

Ah! les filles d'aujourd'hui, les filles d'aujourd'hui
Ne s'font pas prier
Pour s'faire embrasser,
Ah! les filles d'aujourd'hui, les filles d'aujourd'hui
Ne veulent pas d'chaperons
Quand viennent les garçons.

[Voir l'image pleine grandeur] Les filles d'aujourd'hui - Musique (1 de 2).

[Voir l'image pleine grandeur] Les filles d'aujourd'hui - Musique (2 de 2).

Les habitants

-1-

Vive le sort des habitants
Qui ont des bonnes terres,
Mais on se doute pas pourtant
De leur misère.
Ils mangent du lard abondamment,
En poids ils gagnent.
C'est ennuyant en testament,
À la campagne.

-2-

Au p'tit matin chante le corbeau
Qui les réveille,
Et les grenouilles dans le roseau
Charment l'oreille.
Ils sont appuyés joliment
Par leurs compagnes,
Ça, par exemple, c'est consolant,
À la campagne.

-3-

Faut labourer, quand il fait beau,
À la charrue,
R'nifler l'fumier comme des sots,
Oh! que ça pue!
Se faire corner par les taureaux,
Maudite chibagne,
Traire les vaches, sevrer les veaux,
À la campagne.

-4-

Ils ont aussi pour agrément,
Quand vient l'automne,
La boue, la gelée, les coups de vent,
Ça c'est pas l'fun,
Ils attrapent le rhume de cerveau,
Faut qu'ils se soignent,
Le nez coule comme un renvoi d'eau,
À la campagne.

-5-

Malgré tout ça ils ont d'la chance:
Quelle belle vie!
Y'a ben des gens, quand on y pense,
Qui les envient.
Vivent le grand air, la liberté
Qui leur épargnent
Les malheurs des infortunés,
À la campagne.

[Voir l'image pleine grandeur] Les habitants - Musique.

Les pieds de ma sœur

-1-

On a chanté les lis, les pâquerettes,
Les boutons d'or et les lilas en fleurs;
On a chanté les pensées, les violettes,
Les monts, les flots et le ruisseau jaseur.
On a chanté le pigeon voyageur,
On a chanté l'amour, la poésie
Des fronts de roses et des yeux très jolis;
J'vais vous chanter les pieds d'ma sœur.

-2-

Un jour, je vis, voguant sur l'Atlantique,
Un gros navire, à l'aspect imposant,
Je remarquais sa forme magnifique,
Se balançant sur l'humide élément.
Soudain, devant ce spectacle grandiose,
Mon cœur frémit et j'en compris la cause,
Car, en voyant ce bateau à vapeur,
J' me rappelais les pieds de ma sœur.

-3-

Je n'en saurais vous en donner l'idée;
Je n'ai jamais rien connu d'aussi grand.
D'ici au nord, dans toutes les contrées,
Je n'ai jamais rien vu d'équivalent.
J'ai pourtant vu bien des pieds sur la terre,
Des pieds Jumbo et des pieds d'ramoneurs;
J'ai aussi vu les pieds d'un vieux facteur;
C'était rien comme les pieds de ma sœur.

-4-

Un jour, on la demanda en mariage,
Et j'invitai l'jeune homme à déjeuner;
J'le fis asseoir près d'elle, suivant l'usage.
J'me réjouissais d'les voir se rapprocher,
Quand tout à coup, il dit avec surprise:
"Dessous la table y'a sans doute une valise",
Je lui réponds, la voix pleine de douleur:
"Hélas, ce sont les pieds de ma sœur".

-5-

Il prit la fuite et depuis, pauvre fille,
Maints soupirants sont venus la d'mander.
Chacun trouvait sa taille très gentille,
Mais de ses pieds personne put se charger.
Si parmi vous quelqu'un a beaucoup d'place,
Qu'il vienne la voir là dans la rue en face.
Numéro dix, tout près du parfumeur,
C'est là qu'on trouve les pieds de ma sœur.

[Voir l'image pleine grandeur] Les pieds de ma soeur - Musique (1 de 2).

[Voir l'image pleine grandeur] Les pieds de ma soeur - Musique (2 de 2).

L'oiseau de France

-1-

Un matin du printemps dernier,
Dans une bourgade lointaine,
Un petit oiseau printanier
Vint montrer son aile d'ébène.
Un enfant aux jolis yeux bleus
Aperçut la brune hirondelle
Et connaissant l'oiseau fidèle,
Le salua d'un air joyeux.

Refrain

Les cœurs palpitaient d'espérance
Et l'enfant disait aux soldats:
Sentinelles, ne le tirez pas! (bis)
C'est un oiseau qui vient de France.

-2-

La messagère du printemps
Se reposait de son voyage
Quand un vieillard aux cheveux blancs
Vint à passer par le village.
Un cri joyeux poussé dans l'air
Lui fit soudain lever la tête;
Son œil brillait d'un air de fête
Car cet oiseau le rendait fier.

[Refrain]

-3-

Tous les matins et tous les soirs,
Attendant son retour peut-être,
Une fillette au ruban noir
Se tenait près de sa fenêtre.
Elle vit l'oiseau charmant passer
Et les soldats brandir leurs armes;
Moitié sourire et moitié larmes,
De sa main lui offre un baiser.

[Refrain]

-4-

Elle venait de la plaine en fleurs
Et tous ces yeux suivaient sa trace
Près du drapeau à trois couleurs
Qui flottait gaiement dans l'espace.
Un perfide soldat fit feu,
Un long cri part et l'hirondelle,
Tout à coup refermant ses ailes,
Tombe en expirant du ciel bleu.

[Refrain]

Il faut un cœur plein d'espérance,
Don divin qui ne ment jamais,
Mais l'oiseau qui là-bas chantait, (bis)
Ne verra plus le ciel de France.

[Voir l'image pleine grandeur] L'oiseau de France - Musique (1 de 2).

[Voir l'image pleine grandeur] L'oiseau de France - Musique (2 de 2).

Mon soldat

-1-

Hier, j'ai vu partir pour la guerre
Celui pour qui mon cœur bat,
Et je veux lui demeurer sincère
Pendant qu'il est là-bas,
Je lui garderai toute ma tendresse,
Je prierai pour lui souvent;
Il m'a dit en s'en allant:
"Je reviendrai sûrement",
J'ai confiance et je l'attends.

Refrain

Quand il reviendra chez-nous,
Mon brave petit pioupiou,
Il aura mon amour
Pour fêter son retour
Car je l'aime comme au premier jour,
Je le tiendrai dans mes bras,
Mon brave petit soldat,
Et je chanterai bien haut
Les exploits de mon héros
Quand il reviendra chez-nous.

-2-

C'est pour la gloire de la patrie
Qu'il se bat sous d'autres cieux,
Je serai toujours toute ravie
De son baiser d'adieu.
Son long baiser d'adieu, J
e lui dis pour calmer ses tristesses:
"Tu vois bien que je n'pleure pas,
Ne crains rien, je serai là
Lorsque tu me reviendras,
Oh! mon brave petit soldat!"

[Refrain]

[Voir l'image pleine grandeur] Mon soldat - Musique (1 de 3).

[Voir l'image pleine grandeur] Mon soldat - Musique (2 de 3).

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N'importe quoi

-1-

Vous voulez d'moi une chansonnette
Dont les couplets sont très honnêtes,
Mais tout le long de ma chanson
Il y a des mots qui sont polissons.
Puisque la société l'ordonne,
Il faut que j'agisse en friponne;

Je me soumets à votre loi
Pour vous chanter n'importe quoi. (bis)

-2-

N'importe quoi, je vous vois rire,
N'importe quoi, j'vous entends dire
Que je compose mal mes couplets,
Que je choisis mal mes sujets.
Pour moi le malheur d'un apôtre
Serait-il pas autant qu'un autre;

Je suis bien plus contente qu'un roi
Lorsque je chante n'importe quoi. (bis)

-3-

Je passais par la rue aux traites,
Quand une dame, par la fenêtre,
M'a jeté un vase inconnu
Dont j'ai reçu le contenu.
Pour s'excuser, la vielle sorcière
M'a dit que c'était de l'eau claire.

Mais, par l'odeur, je m'aperçois
Que c'était du n'importe quoi. (bis)

-4-

Si je m'amuse, si je m'arrête,
Si je termine ma chansonnette,
Si ma chanson vous fait plaisir,
Prenez moyen de l'applaudir.
Si mes couplets ont su vous plaire,
Frappez des mains pour mon salaire;

N'allez pas dire par derrière moi
Que je suis une n'importe quoi. (bis)

[Voir l'image pleine grandeur] N'importe quoi - Musique.

Prenons un verre

-1-

Prenons un verre de vin clairet, soutien de la faiblesse humaine,
Par un beau soir au cabaret après une rude semaine,
Là je fis un homme de moi, mon front joyeux resta sévère,
On me disait à chaque instant: "Pourquoi regardes-tu dans ton verre?"

-2-

C'est mon passé, c'est mon présent; et je revois une chaumière;
Et je pense à tous les moments qui ont marqué ma vie sur terre.
Un souvenir des plus heureux, c'est celui de ma bonne mère.
On me dit qu'elle est dans les cieux. J'ai tout vu cela dans mon verre.

-3-

Quand je parvins à mes vingt ans, l'âge où l'amour vrai nous domine,
Un jour de soleil au printemps, j'épousai Jeanne, ma cousine.
Le bon Dieu bénit notre union et bientôt je devins un père.
La joie régna dans ma maison. J'ai tout vu cela dans mon verre.

-4-

Mais tout à coup sonna le glas; ça me parut bien triste et sombre,
Dans un drap noir, on m'enleva ma Jeanne, n'en laissant que l'ombre.
Quel triste sort car, pour toujours, mon enfant n'aura plus sa mère.
Et moi, je restai sans amour. J'ai tout vu cela dans mon verre.

-5-

L'enfant grandit, c'était ma joie: l'un des plus fiers gars du village.
Il avait la taille du roi et de Jeanne c'était l'image.
Mais ce roi bientôt le ravit: il se fit tuer à la guerre.
Et moi, je reste sans appui. J'ai tout vu cela dans mon verre.

[Voir l'image pleine grandeur] Prenons un verre - Musique.

Si tu te mets chasseur

-1-

J'ai vu une jolie fille y'a pas longtemps, (bis)
J'irai la voir dimanche, dimanche j'irai,
Je ferai la demande à ma bien-aimée.

-2-

Ah! si tu viens dimanche, j'n'y serai pas, (bis)
Je me mettrai biche dans un beau champ,
De moi tu n'auras pas de contentement.

-3-

Ah! si tu te mets biche dans un beau champ (bis)
Je me mettrai chasseur, j'irai chasser,
Je chasserai la biche, ma bien-aimée.

-4-

Si tu te mets chasseur pour me chasser, (bis)
Je me mettrai carpe dans un étang,
De moi tu n'auras pas de contentement.

-5-

Ah! si tu te mets carpe dans un étang, (bis)
Je me mettrai pêcheur pour te pêcher,
Je pécherai la carpe, ma bien-aimée.

-6-

Si tu te mets pêcheur pour me pêcher, (bis)
Je me mettrai malade dans un lit blanc,
De moi tu n'auras pas de contentement.

-7-

Si tu te mets malade dans un lit blanc, (bis)
Je me mettrai docteur pour te soigner,
Je soignerai la belle, ma bien-aimée.

-8-

Si tu te mets docteur pour me soigner, (bis)
Je me mettrai sœur dans un couvent,
De moi tu n'auras pas de contentement.

-9-

Ah! si tu te mets sœur dans un couvent, (bis)
Je me mettrai prêcheur, pour te prêcher,
Je prêcherai le cœur de ma bien-aimée.

-10-

Si tu te mets prêcheur pour me prêcher, (bis)
Je me mettrai soleil au firmament,
De moi tu n'auras pas de contentement.

-11-

Si tu te mets soleil au firmament, (bis)
Je me mettrai nuage pour te cacher,
Je cacherai la belle, ma bien-aimée.

-12-

Si tu te mets nuage pour me cacher, (bis)
Je me mettrai Saint-Pierre au paradis,
Je n'ouvrirai la porte qu'à mes amis.

[Voir l'image pleine grandeur] Si tu te mets chasseur - Musique.

Tout doucement

-1-

Tout doucement, maladroit et timide,
Monsieur Bébé tente ses premiers pas
En souriant de sa lèvre candide
À sa nounou qui lui tend les deux bras;
Puis il s'endort joyeux, l'âme ravie,
Sur les genoux de sa bonne maman,
Et c'est ainsi qu'on entre dans la vie,
Tout doucement, tout doucement.

-2-

Tout doucement, l'enfant part pour l'école
En récitant gravement sa leçon,
Mais un beau jour l'oiseau du nid s'envole,
On a seize ans: on est un grand garçon;
Puis un beau jour on fait un rêve tendre,
L'esprit s'émeut pour un minois charmant,
Sans y penser le cœur se laisse prendre,
Tout doucement, tout doucement.

-3-

Tout doucement on fonde une famille
Et de l'amour, c'est la bonne chanson,
Un gros garçon, une petite fille
Vont tour à tour égayer la maison;
À nos côtés des cris joyeux résonnent,
On est heureux, on s'aime tendrement,
On ne voit pas que les cheveux grisonnent,
Tout doucement, tout doucement.

-4-

Tout doucement passent joies et misères,
Le front se ride et les cheveux sont blancs,
Un gai bambin qui nous nomme "Grand-Père"
Saute en riant sur nos genoux tremblants;
On aime encore mais déjà le soir tombe,
Le dos se voûte, on marche en trébuchant,
Et c'est ainsi qu'on descend vers la tombe,
Tout doucement, tout doucement.

[Voir l'image pleine grandeur] Tout doucement - Musique (1 de 2).

[Voir l'image pleine grandeur] Tout doucement - Musique (2 de 2).

Y'a rien là

-1-

Écoutez, mes amis, j'vais vous raconter:
C'était un soir d'orage. Tout seul à m'ennuyer,
J' ai pris ma guitare. Il me vint une idée.
Tout à fait par hasard, une chanson j'ai composée.

Refrain

Y'a rien là, y'a rien là, j'vais vous chanter ça.
Y'a rien là, y'a rien là, cette p'tite chanson-là,
Y'a rien là, y'a rien là, vous allez aimer ça.
Vive la vie, vive la joie, vive la gaieté!

-2-

J'suis né à la campagne, dans un beau quartier
Entouré de montagnes au milieu d'la vallée:
La vie est magnifique, j'ai de l'agrément;
Je fais de la musique, c'est pour bien passer mon temps.

Refrain

Y'a rien là, y'a rien là, je suis fou de ça.
Y'a rien là, y'a rien là, j'ai toujours aimé ça.
Y'a rien là, y'a rien là, y'a pas d'mal à ça.
Vive la vie, vive la joie, vive la gaieté!

-3-

J'suis revenu d'Floride quelque temps passé;
Mon père me dit: "Ovide, maintenant faut travailler.
Enlève cette belle cravate, ainsi qu'tes beaux souliers;
Je te laisse ma place. Moi, j'vais me promener."

Refrain

Y'a rien là, y'a rien là, j'ai toujours fait ça.
Y'a rien là, y'a rien là, ces p'tits travaux-là.
Y'a rien là, y'a rien là, j'ai toujours aimé ça.
Vive la vie, vive la joie, vive la gaieté!

-4-

C'est mon amie Annik, qui est riche à craquer,
Qui m'dit un jour: "Ovide, faudrait bien s'marier",
Moi qui suis fils unique, j'lui dis: "J'vais y penser",
J'étais tellement timide, je lui dis: "Une autre année".

Refrain

Y'a rien là, y'a rien là, on est trop jeune pour ça.
Y'a rien là, y'a rien là, l'amour est toujours là.
Y'a rien là, y'a rien là, un jour ça viendra.
Vive la vie, vive la joie, vive la gaieté!

-5-

C'est dans les Laurentides, l'hiver j'y suis allé;
J'vous dis qu'c'est magnifique, ces montagnes enneigées.
C'est un royaume unique, voir le monde s'balader,
Prendre les téléphériques pour les pentes à remonter.

Refrain

Y'a rien là, y'a rien là, allez donc voir ça.
Y'a rien là, y'a rien là, c'est si beau tout ça.
Y'a rien là, y'a rien là, vous n'le r'gretterez pas.
Vive la vie, vive la joie, vive le CANADA!

[Voir l'image pleine grandeur] Y'a rien là - Musique (1 de 3).

[Voir l'image pleine grandeur] Y'a rien là - Musique (2 de 3).

[Voir l'image pleine grandeur] Y'a rien là - Musique (3 de 3).

Crédits

Coordination
Suzanne Benoit, coordonnatrice du Centre d'alphabétisation Moi, j'apprends

Gestion du projet
Oscar Forgues

Collecte des chants
Line Chartrand

Page couverture
Lise Lacroix

Traitement de texte
Oscar Forgues

Mise en pages / préparation pour impression
Oscar Forgues

Révision linguistique
Marguerite Lapalme

Édition
Centre d'alphabétisation Moi, j'apprends du comté de Russell Inc.

Centre d'alphabétisation Moi, j'apprends du comté de Russell Inc.
1468, rue Laurier
Rockland (Ontario) K4K 1C7
Téléphone: (613) 446-5312
Télécopieur: (613) 446-7898

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Il est interdit de reproduire en tout ou en partie le présent ouvrage par quelque procédé que ce soit.

La réalisation de ce document a été rendue possible grâce à la contribution financière de la Fondation du patrimoine ontarien du ministère de la Culture et des Communications.

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